Mes chers amis,
Voici la septième édition terminée.
Encore quelques pancartes ici et là à récupérer, un piquet de clôture à remettre, un robinet à changer, quelques casseroles éparpillées, une bonne demi-douzaine de vestes et chargeurs en tout genre qui attendront plus ou moins leur propriétaire jusqu’à l’année prochaine et l’interminable comptabilité de fin de festival. Une comptabilité cette année un peu moins fastidieuse que d’habitude malgré tout, puisqu’il semblerait qu’il n’y ait pas besoin de vider nos fonds de poche pour boucler le budget ! Une première !
La générosité et la bienveillance de tous nous auront une fois de plus permis de tenir.
Une pensée particulière pour nos moins de 20 ans qui ont enquillé la pluche, la vaisselle et la manutention sans sourciller. Même pas eu besoin de leur courir après, à 3 heures du matin pour savoir qui dormait où !
Une édition de celles qui partaient pourtant mal : pluie, vent, orage, rentrée des classes, covid, tout y était…
Les meilleures…
Celles qu’il faut aller chercher comme on descend sans corde dénicher un diamant au fond d’un puits. Et le diamant était bien là comme dans Moonfleet de Fritz Lang. Un diamant aux multiples facettes. Les films et leurs réalisateurs bien sûr, les Ariane, les Noémie, les Frank, les Jacques-Rémy et les autres qui saisissent l’alchimie de la rencontre dès le premier coup d’œil. Mais aussi les concerts, les repas, la bonne ambiance et les nuits sans fin.
Les organismes qui nous subventionnent comme les élus nous ont bien encouragé aussi. Faut le dire. D’ailleurs on le dit.
Et le public qui était là. Différent, plus jeune, mais toujours aussi nombreux. Moins de personnes en même temps mais plus d’entrées que les autres années. Comme quoi…
Et tous ceux qui viennent filer la main, comme ça, comme par bonheur.
Et puis, comme à chaque fois, ce petit truc en plus qui nous échappe. Ce petit truc qui fait qu’on est toujours là, debout à faire ce festival qui ne ressemble à rien d’autre. On ne sait pas trop à quoi ça tient. On le saura sûrement un jour quand on se retournera sur tout ça mais pour l’instant on ne le sait pas vraiment et c’est bien comme ça.
Chaque année, on nous demande :
- Pourquoi ce festival ?
Et à chaque fois on donne une réponse différente qui tourne autour de la rencontre, la vraie, du déplacement du regard, du geste poétique en résistance au désordre du monde.
- Et le thème cette année ?
On ne sait pas trop…
- Et comment vous faites votre sélection ?
Aucune idée…
- Et pour l’année prochaine ?
Ah ! Là on sait ! On va faire venir Wim Wenders et passer «Les Ailes du Désir» sous le chapiteau ! Et puis Zhang Ke pour passer «Xiao Wu, artisan pickpocket» et puis Manuel Poirier aussi pour «La petite amie d’Antonio» et puis Jim Jarmusch bien sûr pour «Stranger than paradise» et Monte Hellman évidemment pour «Two-lane blacktop» sans compter Naomie Kawase et son admirable «Embracing»…
Et pis on y croit à chaque fois… et pour une réponse négative, on a dix silences…
Et pis de temps à autre, il y en a un ou deux qui viennent… Alors on est pas peu fiers ! Mais entre-temps, entre deux voyages, deux rendez-vous, deux relances, nous tombent comme par miracle tous les autres, tous ceux qui nous envoient leur film secret sorti de nulle part… Le sel du festival… Le sel de l’avenir toujours incertain d’un cinéma immense qui continue coûte que coûte de nous submerger.
Alors on y va ! Une édition de plus ! Et on verra plus tard pourquoi on fait tout ça ! Là, on n’a pas le temps ! Faut y aller ! C’est reparti ! Ha ! Ha !
Allez ! Envoyez vos films ! Ha ! Ha ! Ha !... Plus de temps à perdre ! C’est le moment ! L’époque est bonne ! Ha ! Ha !
Allez ! Venez nous rejoindre, on vous attend !
C’est ensemble qu’il faut être !
Tout un poème, j’vous dis…
Emmanuel des Filmeurs
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